RD-CONGO: Quelles LEÇONS TIREES 13 ANNEES APRES LA REVOLUTION DU 17 MAI 1997 De Laurent Désiré Kabila

by admin on May 24, 2010

Le 17 mai, 2010 le Congo (ou du moins une partie des congolais/ses) a célébré la fin de 32 ans de dictature de Mobutu et l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Une chose à dire est que le changement de Kabila ou ce que l’on peut appeler révolution a élevé bien haut les attentes des congolais au point que Kabila avant d’être assassiné a été incapable d’y répondre. Il est dit dans le marketing que les attentes suscitées bien haut sont souvent difficiles à satisfaire. Et, ce qui se passe à l’Est du Congo est la conséquence imprévue ou disons involontaire de ce principe de marketing que Kabila n’a pas appris ou du moins a ignoré. Je parle ici de Kabila Laurent Désiré et non de l’actuel Kabila au pouvoir en RDC.

Rappelons brièvement que quand en 1963 les grands leaders rebelles congolais, tels que Soumialot à Kisangani, ont abandonné leurs efforts de poursuivre la guerre qu’ils ont commencé au Congo en 1963, et ont décidé de rejoindre Mobutu qui avait pris le pouvoir à Kinshasa en Novembre 1965, Laurent D. Kabila lui a préféré rester dans le Sud-Kivu. Mais au fur et à mesure que Mobutu consolidait son pouvoir sur toute l’étendue de la RDC, Kabila se sentant en danger, partira en Tanzanie, en Afrique de l’Est, où il restera de 1964 à 1996. C’est de la Tanzanie qu’il lancera des attaques à l’Est du Congo principalement à Fizi, dans la province du Sud Kivu avec ceux qui sont connus aujourd’hui comme le Mayi Mayi ou «combattants de la liberté ».

Che Guevara et d’autres révolutionnaires cubains viendront sauver et soutenir son mouvement révolutionnaire, mais pour des raisons qui demeurent obscures, ils repartiront au Cuba après une période d’engagement relativement brève.

Quand le 17 Mai 1997, Kabila réussira à prendre le pouvoir à Kinshasa, son défi majeur sera non pas la prise du pouvoir mais son maintien, son contrôle et apporter le changement dans le quotidien de la vie du Congolais et de la Congolaise qui attendent tout du gouvernement. En effet, Mobutu avait étouffé l’esprit d’initiative privée. En plus du défis mentionné ci haut, la nation toute entière attendait que Kabila soit lui-même l’agent du changement. Pour cela, Kabila devait créer une masse critique d’où devrait partir ce modèle de société distincte de celui de Mobutu. Mais au grand dam de la nation Kabila et sa révolution n’ont été bon qu’en parole jusqu’au point où comme on le dit en politique : La révolution ne mange que ces enfants. La révolution de Kabila n’a eu de positif que le départ de Mobutu souhaité par tout le monde mais le reste n’était que de bonnes intentions.
Ainsi, quelles leçons devons-nous tirer. La première leçon est en rapport avec le changement et l’agent du changement. Une chose est d’opérer le changement et une autre est de le contrôler. La deuxième leçon, est que si l’opérateur de changement ne peut pas contrôler le jeu, il perd. C’est ce qui s’est passé. Kabila ne contrôlait rien de son mouvement connu comme Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) au contraire il était lui-même contrôlé par des forces au sein de cette même alliance en comparaison à Mobutu et son mouvement et même Lumumba qui eux ont contrôlé leurs mouvement jusqu’à leurs morts.

J’aurai souhaité que Kabila tire des leçons du discours de Jésus-Christ sur le vin et le tissu qui dit: « Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement le vin nouveau fera éclater les outres et se renverse, et les peaux seront détruits. Mais le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves. Et nul ne désire du vin nouveau après avoir bu du vin vieux, mais il dit, « le vieux est bon ». ”
Parce qu’il n’a pas tiré de leçon de cette sagesse, après un an de règne seulement Kabila sera assassiné (beaucoup d’ombres demeurent sur cet assassinat), et comme en 1960 après l’indépendance le pays tout entier surtout la partie Est, qui pourtant a massivement soutenu Kabila le père et même le fils, paie le prix. Cette partie est plongée dans l’horreur au point que les conséquences se feront sentir pendant plusieurs générations, si rien n’est fait pour guérir cet héritage dans la mémoire collective.
L’Est du Congo où le mouvement de changement de Kabila a commencé n’est pas un endroit où règne la paix, la justice et le développement mais plutôt une région de la R.D.C. où les victimes de mauvais changements du destin sont devenues les auteurs, une partie du pays où l’insécurité, le viol des femmes et les filles demeurent une menace locale, nationale et régionale grave.
Les mêmes enfants soldats connus sous le nom de Kadogos, autrefois applaudis par la nation toute entière comme des combattants de la liberté, mais qui en réalité étaient des victimes du changement, sont aujourd’hui, 13 ans après, les bourreaux. Leurs victimes sont ceux la même, c’est-à-dire leurs mères, qui les ont envoyés se battre au côté de Kabila. Ma dernière leçon? On ne change pas un peuple contre sa volonté.

Leave a Comment

Previous post:

Next post: