Pour l’intégration du « spirituel » dans toute stratégie de lutte contre la pauvreté au Congo

by admin on May 29, 2010

Par le Rev. Pasteur Kisongo Idelphonse Mbeleulu

La pauvreté absolue des pauvres de notre temps expose l’insatiable gourmandise des riches et discrédite l’économie mondiale avec ses mécanismes de distribution du fruit du travail quotidien parmi les habitants de la planète terre. Beaucoup de populations rurales et urbaines sont extrêmement pauvres à côté des palais somptueux et maisons de vacances alors que la technologie de pointe et l’industrialisation du système de production ont accrue la richesse. La découverte des nouvelles  ressources minérales et  les immenses potentialités agricoles de la planète se font au jour le jour. La globalisation du système  de commerce international et les moyens de communication rapide ont fait du monde un seul village où les cultures jadis ennemis aujourd’hui s’embrassent de fois dans l’harmonie et sans heurt.

Selon certains rapports, 300 – 420 millions des personnes vivent dans une pauvreté sévère, plus souvent devenue chronique à travers le monde. L’Asie du Sud vient en tête avec un chiffre variant entre 135 – 190 millions sur un total de mondial de 1.2 billion. L’Afrique sub-saharienne en compte 90 – 120 millions vivant avec un ou moins d’un dollar américain par jour.

Cette pauvreté extrême a créé un problème d’ordre moral qui interpelle non seulement la conscience de l’église dans son ensemble mais elle secoue aussi la communauté internationale.  Il n’est plus possible de fermer les yeux devant la misère grandissante et languissante qui est devenue le lot quotidien des plusieurs individus. Qu’on le veuille ou pas, cette misère a engendré un sentiment de culpabilité au niveau individuel et collectif.

Au-delà d’être simplement un manque des ressources matérielles et financières pour répondre aux besoins de base d’un individu, la pauvreté actuelle est devenue  déjà une pauvreté mentale au Congo.  Elle est grave car elle a déjà réussi à paralyser la faculté mentale de ses victimes. Celles-ci ne peuvent plus réfléchir sur l’avenir à cause du besoin urgent de survie immédiat que la pauvreté impose.

Au sommet de l’an 2000, culpabilisés  devant des chiffres effrayant des pauvres dans le monde, les pays les plus riches (G8), ensemble avec 189 gouvernements, ont fait un mea culpa en planifiant la réduction de la pauvreté mondiale de moitié  d’ici l’an 2015.  Au cours de ce sommet il a été déclaré que la pauvreté est une condition humaine inacceptable qui ne doit pas être considérée comme inévitable.

La réussite de ce plan ambitieux de rachat dépendra de la volonté, de l’effort et de l’engagement de chaque Etat au niveau national qu’un international, disait-on.

Le constat de la pauvreté parmi les habitants de la planète aujourd’hui n’est pas une chose nouvelle.  Il date des millénaires car les riches et les pauvres sont des voisins de longues dates.  Deux mille ans av. J-C.  Abraham, Jacob, Job et bien d’autres encore étaient des riches en contraste avec les pauvres de leur temps.  Cela n’a pas posé problème.  Cependant, lorsque la pauvreté devient aigue et un phénomène populaire elle devient alors un problème social qui doit mériter l’attention de tous.  Car à ce stade la différence de style de vie entre riches et pauvres crée des tensions sociales, des conflits tacites ou ouverts entre les membres d’une même communauté ou des communautés différentes.  Dans ces conditions il devient impérieux d’explorer des voies et moyens pour éliminer ou réduire sensiblement l’écart de style de vie entre les riches et les pauvres.

Dans l’histoire récente, le débat amorcé sur cette question prouve combien l’élimination de la pauvreté est l’une des préoccupations majeures qui absorbe l’énergie intellectuelle et physique de beaucoup de personnes depuis un certain temps.  La nouveauté de la question en ce jour ressort du fait que:

1.    Le nombre croissant des pauvres à travers le monde a pris des allures inquiétantes et une atrocité jamais égalée dans l’histoire de l’humanité.

2.   La foi qu’elle peu être domptée discrédite les propos de Malthus qui ont servi de justification de l’état de pauvreté des uns et renforcer l’indifférence et la gourmandise des autres. Aujourd’hui plus d’aucuns croient que le problème de la pauvreté n’est pas la rareté des ressources par rapport à  la croissance démographique mondiale. Il est plutôt question de la redistribution injuste des ressources qui sert l’égoïsme et la gloutonnerie des uns en défaveur des autres.

Considérant les faits ci-haut, une question se pose.  La République Démocratique du  Congo sera-t-elle capable de relever le défi de la pauvreté qui frappe atrocement sa population dans la limite de l’échéance prévue par le sommet de G8?  Déjà, la pauvreté est scandaleusement profonde aux ampleurs et dimensions alarmantes.  Les théoriciens accourent pour proposer des voies de sortie en pensant aux  macro et micro structures économiques à l’exception de la dimension spirituelle de l’homme. L’effort fourni s’est montré peu efficace jusqu’à présent. Au contraire, la pauvreté ne cesse d’augmenter. Elle poursuit sa sinistre course en ravageant même ceux-là qui se croyaient être à l’abri il y a quelques temps.  N’y-a-il pas là une entorse dans les stratégies et approches utilisées pour la réduction de la pauvreté? Si l’homme est l’objet et la finalité du développement il faut intégrer aussi sa dimension spirituelle. Car la personne humaine n’est pas seulement matérielle mais elle est aussi immatérielle (esprit); pas seulement corps mais aussi âme.

 En se débarrassant du monde spirituel au nom de la liberté et de l’indépendance de la raison, le siècle de la lumière a cru produire de bons résultats : la science, la technologie, plus de contrôle sur la nature, etc. Cependant, le siècle de la lumière a engagé  en même temps le monde sur une piste dangereuse dont les conséquences étaient prévisibles. La personne humaine connue comme multidimensionnelle a été réduite au seul aspect matériel. Les relations qui régissaient la personne humaine à Dieu et à ses semblables n’étaient plus respectées. La valeur humaine a commencé à être évaluée en terme de biens matériels qu’un individu possède, d’où la course effrénée au pillage de la planète avec toute ses conséquences actuelles (réchauffement climatique, pauvreté, exploitation, tyrannie,  etc.).   

L’histoire des pays développés dénote une hypocrisie dangereuse qu’il faut éviter. Ils se sont servis des valeurs judéo-chrétiennes (éthique du travail, salut, liberté, etc.) pour se lancer dans le développement tout en excluant Dieu, la source de ces valeurs, dans la gestion des affaires courantes.

Le siècle de la lumière a beaucoup promis qu’il n’a pas réalisé. On a trop magnifié  la capacité et le pouvoir de la raison humaine en pensant qu’elle allait tout résoudre.  En Europe, par exemple, le sécularisme défendait l’idée que le degré de civilisation d’une société était corollaire au degré de la disparition de Dieu et de la religion dans cette même société pendant qu’aux Etats-Unis la religion était exclue de la sphère publique pour être enfermée dans le domaine privé.

Il commence à paraître au grand jour que le pauvre ne souffre pas seulement d’un déficit matériel. Mais il est surtout victime d’un disfonctionnement des relations entre lui et Dieu d’une part et entre lui, ses semblables et l’environnement d’autre part. Pour mettre en place un développement qui sert le pauvre au Congo, la considération de ces relations devient alors une impérative pour donner sens au développement durable tel que perçu dans les perspectives chrétiennes.

En définitive, cet article voudrait suggérer aux praticiens du développement au Congo une approche holistique. C’est à ce titre que l’effort national de lutte contre la pauvreté portera ses fruits.  La Bible ne déclare-t-elle pas que Jésus est venu pour donner la vie en abondance (Jean 10:10)?  Force est de conclure que la vie abondante qui commence dans le cœur humain trouve sa signification dans sa manifestation dans la société qu’elle veut transformer pour la gloire du Très-Haut.

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